Présentation du carnet de recherche
Ce carnet intitulé « Jeux Olympiques et Villes Globales », en anglais « Olympic Games and Global Cities » (OGGC), a pour objectif de diffuser les recherches en cours menées par la Fondation France-Japon de l’EHESS dans les domaines des études urbaines (Urban studies) et des études olympiques (Olympic studies). Initiés en 2018, ces travaux proposent de comparer les stratégies urbaines des villes globales à travers les projets urbains olympiques construits aux moments de leurs candidatures.
Que trouve-t-on sur ce carnet de recherche ?
- Des articles d’actualités sur les Jeux Olympiques et les Villes Globales
- Des vidéos des séminaires organisés par la Fondation France-Japon de l’EHESS
- Des entretiens réalisés avec les acteurs olympiques
Contexte de la recherche
Un siècle d’olympisme
La décennie 2000 marque un tournant pour le mouvement olympique. Les seconds Jeux d’Athènes en 2004 après ceux de 1896, concrétisent un siècle d’olympisme, fondé sur un évènement intervenant tous les quatre ans en clôture de chaque olympiade. Hormis durant les deux guerres mondiales, les Jeux ont toujours été tenus, s’adaptant aux nouveautés et aux conflits internationaux. D’abord exclusivement réservés aux sports estivaux, les Jeux s’intéressent à partir de 1924 aux sports d’hiver, puis intègrent les sports paralympiques Ils rassemblent dans un premier temps des athlètes européens et nord-américains, avant de s’étendre à l’ensemble des continents.
L’importance croissante de cet événement et du sport professionnel en font une cible pour les revendications politiques comme à Munich, mais aussi un enjeu de la guerre froide avec des boycotts successifs de la part des états-uniens et des soviétiques. Avec Tokyo 1964, puis dans les années 1990, les Jeux sont l’expression de la puissance des villes et des pays, de la capacité à transformer l’urbain et à en modifier profondément l’image. Barcelone, en 1992, est certainement de ce point de vue l’exemple abouti d’un méga-événement symbolisant l’influence de la préparation des Jeux pour transformer l’image d’une métropole régionale en une métropole mondiale.
Les limites du modèle
À la fin des années 1990, à l’occasion des Jeux de Sydney, l’image des Jeux Olympiques et Paralympiques est positive, synonyme pour les acteurs politiques de développement économique et touristique. Athènes est alors en pleine préparation, construisant de nombreuses infrastructures sportives, urbaines et aéroportuaires. L’évènement est alors une réussite, mais la mise en héritage est un échec. La majorité des infrastructures sont abandonnées faute de moyens pour les entretenir. L’ancien aéroport, promis à une reconversion en un nouveau quartier, est lui aussi à l’abandon. La crise économique que connaît alors la Grèce met en lumière les erreurs de définition des grandes lignes du projet urbain olympique.
Les critiques, existantes depuis de nombreuses années contre l’organisation des Jeux, obtiennent une plus grande attention de la part des médias et des acteurs publics. Le gigantisme de Jeux, leurs coûts à court et long termes posent problème. Les scandales dans le sport autour de la corruption et du dopage, mais aussi les dérives financières des coûts des stades et du sport professionnel, entraînent une plus grande défiance à la fois envers les Jeux Olympiques eux-mêmes, mais aussi envers les institutions internationales du sport notamment le Comité International Olympique (CIO).
Les villes globales peuvent-elles transformer les Jeux Olympiques ?
Après Athènes, les Jeux ont lieu à Pékin, en 2008. C’est aussi un moment important dans la remise en cause de la légitimité des Jeux et du CIO. La question des droits de l’homme et des droits des travailleurs, les déplacements de population et la répression politique attisent les critiques.
Mais Pékin 2008 ne symbolise pas seulement la cristallisation des critiques envers les Jeux, cette édition marque aussi le regain d’intérêt des villes globales pour les JO. Pékin est en effet sélectionnée face, notamment, à Paris, qui sera aussi candidate pour les Jeux de 2012, finalement accordés à Londres, face à la concurrence d’une troisième ville globale : New York. Rio est ensuite investie pour 2016 face à Tokyo qui obtient les Jeux de 2020. Enfin, Paris et Los Angeles, candidates pour 2024, s’accordent avec le CIO pour se partager les éditions de 2024 et 2028.
Cette concentration des Jeux dans les villes globales au cours des années 2000 est concomitante d’une réforme importante des attentes du CIO vis-à-vis des villes hôtes, ainsi que d’une augmentation des contraintes pour les villes candidates. Celui-ci tente à partir de 2000 de répondre aux critiques en élargissant les Jeux à de nouveaux pays et continents (Pékin 2008 sont les premiers Jeux en Chine, et Rio 2016 les premiers Jeux d’Amérique du Sud), mais aussi en imposant des engagements environnementaux et sociaux aux villes candidates.
Les temporalités du CIO et des critiques sont nécessairement en décalage et l’adoption de l’Agenda 2020, en 2013, s’appliquera pour la première fois à Paris en 2024, alors même qu’il répond à des transformations apparues dans les années 1990 et 2000. Cependant, les villes globales candidates n’ont pas attendu la réforme du CIO pour en intégrer les grandes lignes dans leurs dossiers de candidature et dans leurs stratégies urbaines. À maints égards, le CIO s’appuie sur les orientations prises par les candidatures de Londres, Paris et Tokyo, et ces orientations sont directement le résultat de la transformation de l’économie de ces villes et de leur gain d’importance sur la scène internationale.
Dans ce contexte, ce carnet de recherche interroge les stratégies urbaines des villes globales à travers leurs projets urbains olympiques.
Notre but est de présenter une recherche en cours, en diffusant des éléments de réflexion pour comprendre les enjeux urbains olympiques et les conséquences de la concrétisation de la fonction urbaine associée à l’événementiel.
Nous souhaitons ainsi participer à partir d’un point de vue historique, urbanistique et critique, aux débats sur l’intégration des Jeux dans le tissu urbain contemporain.
